De Seul à bord édité à compte d’auteur en 1945 à Dans l’erre des vents (2017) et Par le sextant du soleil (2020) en passant par l’Anthologie personnelle (1989), Ulysse à ses chiens (1992), Poèmes américains (1993), La Chasse infinie (1995) ou Phares, balises & feux brefs (2005), Profonds Pays (2011) et Périples (2012), l’œuvre du poète est riche d’une trentaine de recueils, d’une cinquantaine de livres d’artiste, de plusieurs essais biographiques (sur D.H. Lawrence, sur Henry Miller), d’une dizaine de romans et récits, parmi lesquels : Les Eaux mortes (1975), Un cimetière indien (1981), L’Enclos (1992), La Route de San Romano (1996), Le Chant des limules (2002), Beaucoup de jours (2009), Une longue vague porteuse (2016).
Les derniers titres publiés de Temple sont disponibles aux éditions Actes Sud, Gallimard et Bruno Doucey. Parmi eux, la publication en Poésie/Gallimard de La Chasse infinie et autres poèmes, qui a fait l’objet d’une présentation le 3 février 2020 au théâtre des Déchargeurs à Paris, avec une lecture par Denis Lavant.
Frédéric Jacques Temple, né le 18 août 1921, nous a quittés le 5 août 2020, à l’âge de 98 ans.
La mort, seule immortelle,
je sais qu’un jour elle m’emportera.
Je m’insurge,
maudis le fatal rendez-vous,
insulte l’ignoble bête noire,
mais ne perds pas de la vie
la moindre goutte de son miel.
(« Révolte », poème de Périples)
Superbe livre. J’adore FJ Temple – lu et adoré ce livre – ai eu la chance de le rencontrer – d’être assis deux fois à ses côtés sur le stand du salon de la comédie du livre de Montpellier- ai adoré nos moments d’intimité – moi novice et maladroit – lui taiseux baroudeur protecteur – nous nous écrivons de temps à autre…Il fut l’ami d’Henry Miller et Lawrence Durrell – excusez du peu…Sa poésie porte en filigrane la nostalgie de l’enfance…J’adore ce poète !
J’aime bien ce poème, découvert ici au Québec où je suis arrivé (de France) cet automne. C’est un poème de belle humeur, rythmé comme au pas de raquettes dans la neige. L’invention néologique y est savoureuse de justesse, elle dit puissamment le sentiment de ne faire qu’un avec les éléments, la nature, le pays… et quelle rondeur dans le langage, on se frotte les mains de contentement ! Et ce rythme dansant de l’hexasyllabe. C’est vraiment plein de joie de vivre !
Vous avez de la chance, là-bas dans le (vrai) Sud, de passer une soirée demain avec un poète qui fait passer tant de bonheur d’être dans un poème de poche (à garder dans sa poche) comme celui-ci ! Raphaël.
En marchant vers le mont Tremblant
à Gaston Miron
Je suis lac, je mélèze,
je raquette, je harfange,
je portage, j’épinette,
je boucane, je castore,
je saumone, je traineaude,
j’omble, je truite, j’ourse,
j’orignale, je mirone,
je hurone, je rondine,
j’érablise, je québèque,
le cœur en fête, je marche :
là est le Sud, aussi.