1955
Entretiens radiophoniques avec Richard Aldington, dans le cadre d’une nouvelle série bi-mensuelle, Entretiens (1955-1957). De 1955 à 1957, assure aussi la rédaction en chef de la revue trimestrielle Entretiens, créée à Rodez dans la mouvance des Rencontres internationales de poésie. Périple en Bretagne avec Serge Michenaud. Arrivée à Montpellier de Jean Joubert. Rencontre avec le peintre Albert Ayme et la navigatrice et romancière suisse Cilette Ofaire qui vont devenir des amis.
1956
Entretiens radiophoniques avec Georges Brassens, en collaboration avec René Raynaud. Séjour à Londres avec le peintre Arthur Secunda. Aide Lawrence Durrell à s’installer à Sommières. Mort de Curzio Malaparte.
« J’ai connu l’écrivain anglais Richard Aldington en 1951 à Montpellier où il s’était installé pour que sa fille Catherine y fasse ses études. J’avais alors commencé un livre sur D.H. Lawrence dont Richard avait été l’ami et le biographe. Une aubaine pour moi ! Il a d’ailleurs préfacé plus tard mon ouvrage. Nous sommes devenus amis. Au cours de l’été 1956, nous devions déjeuner ensemble à la campagne et, le jour venu, Richard m’a téléphoné pour me demander si je voyais un inconvénient à ce qu’il invite un écrivain britannique, Lawrence Durrell, à se joindre à nous. Je ne connaissais Durrell que de nom, Miller l’ayant cité dès le début de son Colosse de Maroussi. C’est ainsi que j’ai rencontré le romancier du futur Quatuor d’Alexandrie qui désirait s’installer en Languedoc parce que les paysages lui rappelaient la Grèce. Aldington et moi avons pu aider Durrell à trouver une maison à Sommières. »
Entretien avec Nathalie Jungerman, 2012
1957
Entretiens radiophoniques avec Joseph Delteil. Henk Breuker lance Les Cahiers de la Licorne qui cesseront de paraître en 1967. On y relèvera les noms de Peter Handke, Olivier Todd, René Pons, Jean Joubert, Christian Dedet, Henri Gougaud, Jean-Paul Guibbert…
1959
Miller vient passer l’été en famille à Sommières. Rencontre à Montpellier de Camilo Jose Cela et des poètes-peintres belges Cécile et André Miguel. Réunion aux Saintes-Maries-de-la-Mer avec les Miller, les Durrell, Alfred Perlès, Catherine Aldington et l’éditeur allemand Ledig Rohwolt. Début d’amitié avec le poète mauricien Jean Fanchette qui va créer la revue Two Cities, et avec Edwin Mullins, critique d’art et producteur à la BBC.
Sur le pont de Sommières en 1959, avec (de gauche à droite) Richard Aldington, Lawrence Durrell et Henry Miller.
« En revenant de la guerre, en 1946, j’avais lu Printemps noir qui venait de paraître chez Gallimard. J’ai écrit spontanément un article sur ce livre pour rendre compte de mon admiration, sans savoir à qui je pouvais le destiner. Je n’avais pas encore de contact avec la presse littéraire et en désespoir de cause j’ai décidé de l’envoyer à Miller par l’intermédiaire de son éditeur. Il me répondit très rapidement qu’il ne voyait pas comment le publier aux USA, me proposant de l’envoyer à Raymond Queneau ce qui n’eut finalement pas de suite. Mais notre correspondance continua et ce qui n’était alors qu’une simple relation épistolaire devint rapidement une amitié. Celle-ci se confirma en 1953 lorsque enfin j’ai rencontré Miller à Montpellier où il était venu saluer Joseph Delteil qu’il avait connu avant la guerre à Paris. Je crois que mon intérêt pour l’Amérique profonde, celle de Whitman et de Thoreau, et mon désir de traduire et publier La Merveilleuse Aventure de Cabeza de Vaca de Haniel Long (Éditions de La Licorne, 1954) pour laquelle Miller avait écrit une belle préface, ont contribué à établir cette amitié. Miller m’a appelé Frère Jacques en se référant au vieux canon bien connu. Moi, j’aurais pu l’appeler Uncle Henry. »
Entretien avec Nathalie Jungerman, 2012
1960
Voyage en Italie sur les champs de bataille. Rejoint l’équipe de rédaction de Two Cities (jusqu’en 1964). Séjour de plusieurs mois aux États-Unis dont trois de ses romans se feront largement l’écho.
Shiprock, la montagne sacrée des Indiens Navahos
« En 1960, cas personnel mais que je crois significatif, j’obtins du gouvernement américain une bourse de voyage culturel de plusieurs mois pour sillonner les États-Unis. J’en avertis l’Administration et fis le nécessaire pour assurer le bon déroulement ultérieur des programmes, bien entendu. Paul Gilson me convoqua à Paris et, à ma grande surprise, me déclara que c’était une chance à ne pas laisser passer, ni pour moi ni pour la Radio, qui se sentait elle aussi concernée. Il me demanda de considérer que j’étais en mission de prospection et de ramener de ce long séjour les matériaux d’une série d’émissions, des livres, des disques, des interviews, des documents divers et inédits en France, enfin un rapport sur tout ce qu’il pouvait être utile à la Radio de connaître sur la vie culturelle américaine. Il faut préciser qu’à cette époque, la traversée de l’Atlantique ne se faisait pas encore couramment, et que fort peu de Français connaissaient alors les États-Unis. »
« Les vases communicants », 2000
ses enfants Christophe, Frédéric et Véronique (de gauche à droite) avec leur grand-mère Geneviève Temple, circa 1960, place de la Comédie à Montpellier.
1961
Retour des États-Unis. Ultime visite à Blaise Cendrars, quelques jours avant sa mort. Publie une série de reportages sur son périple américain. Henry Miller vient passer une semaine à Montpellier où il revêt la toge de Rabelais et se prête à plusieurs entretiens radiophoniques. Diffusion de Rhapsodie languedocienne, son premier film, sur la Première Chaîne.
1962
Son ami et éditeur Noël Young l’invite à le rejoindre à Pollensa, dans l’île de Majorque où il retrouve Camilo Jose Cela qui le publie dans sa revue Papeles de Son Armadans. À la radio de Montpellier, début de Panorama des Lettres et des Arts, émission mensuelle (1962-1964).
1963
Publication de Célébration du maïs (Robert Morel éditeur). Début d’une amitié avec le jeune peintre Alain Clément et le futur typographe-éditeur Jean Le Mauve rencontrés dans l’atelier de Jean Vodaine à Montpellier. Coordonne deux numéros de la revue Dire créée par Jean Vodaine, où il a publié l’année précédente des chants rituels des indiens navajos.
1964
Voyage au Portugal. Son film Chez Lawrence Durrell est présenté lors du Festival de l’ORTF de Boulogne-sur-Mer. Séjour à Rome. Publication de Cartes postales en édition bilingue (Santa Barbara, Noël Young Press).
1965
Nommé chef des services de l’ORTF (radio et télévision) pour le Languedoc-Roussillon. Émission d’hommage à son ami Paul Gilson, directeur des programmes artistiques de la radio, mort deux ans plus tôt. Mise en ondes de Célébration du maïs, d’après le texte publié en 1963. Reportage télévisé sur Le Théâtre chichois, genre de théâtre ambulant en voie de disparition.
« Jamais il n’y eut autant de poètes à la radio, tant à Paris que dans les régions, que de 1947 à 1963, c’est-à-dire entre l’arrivée de Paul Gilson et sa mort. Avec Gilson, la Radio avait trouvé son véritable visage, qu’elle nous aura montré pendant plus de quinze ans, et que nous ne reverrons, il faut le craindre, jamais plus (je suis peut-être pessimiste). Il y avait introduit ce merveilleux qui fut le mot-clé de son existence et de sa démarche multiple, mais multiple en apparence, car les volets du triptyque gilsonien : poésie, cinéma, radio, sont reliés par cette quête du « magique » que le sourcier faisait jaillir comme par enchantement. »
« Un écrivain à la radio », 2000
1966
Dirige de 1966 à 1968 la revue Fénix où il publiera George Séféris, Jean Joubert, Gaston Puel, André Pieyre de Mandiargues, Loys Masson, Jean Giono, Denis de Rougemont, Jacques Borel, Lawrence Durrell, Gunter Kunert, Peter Bichsel, Dominique Noguez… Voyages en Belgique et à Venise. Séjour à Montpellier de George Katsimbalis, le « Colosse de Maroussi ».
1967
Mort de Claude Durrell. Rencontre de Brassaï. Début d’amitié avec Jean Carrière. Produit Chants et paroles pour l’été, montage de textes et chansons d’hommes « du soleil » comme Joseph Delteil, Jean Carrière, Georges Brassens, Manitas de Plata… Miller vient passer quelques jours à Montpellier.
« Un inconnu vint me voir un jour en 1965, sur la recommandation d’un ami commun, Jacques Hébrard, qui avait naguère prêté sa voix passionnée aux poètes que nous invoquions sur les ondes. Cet inconnu se nomma : Jean Carrière. Un ton sourd, un peu rauque, avec l’accent des garrigues. La radio l’attirait, il était écrivain, connaissait Giono dont il avait été le secrétaire. Il aimait la musique. Pourrait-il être utile ? Il avait besoin lui-même de travailler. Je flairais la truffe. Nous devînmes amis et le sommes toujours. Quelques jours après sa visite, je lui téléphonais : « Eh bien, puisque vous vivez dans les collines, pourquoi ne pas écrire une Chronique des collines ? » En écoutant le premier enregistrement, je me suis demandé si cette voix un peu sauvage, qui parlait de châtaignes et de renards, n’allait pas surprendre l’auditeur matinal. Celui-ci, muet quelques jours, manifesta brusquement son intérêt pour ces vignettes qui peu à peu constituèrent une sorte d’épopée secrète des garrigues. Sa deuxième série d’émissions allait porter un titre ravélien, qui résumait sa passion pour la musique : Les sites auriculaires. Ensuite, avec Couleurs du temps, fut atteinte la vitesse de croisière. Ces chroniques permettaient à Jean Carrière de passer du singulier à l’universel, de fournir une morale à l’anecdote, de souligner d’étranges coutumes ou de peindre à loisir le désert magique des Causses ou les vallées sévères des Cévennes. Le fabuleux y côtoyait le familier, la gravité se mariait au rire. Le résultat, me direz-vous ? Eh bien Carrière mit ainsi en marche tout un univers personnel et cela donna son premier roman, Retour à Uzès, puis L’Epervier de Maheux, qui eut le Goncourt. »
« Un écrivain à la radio », 2000
1968
Publication de Fleurs du silence, poèmes (Bruxelles, Henry Fagne). Co-produit avec Madeleine Attal Albertine en liberté, émission d’hommage à Albertine Sarrazin et Fêtes de la vigne, émission réalisée à l’occasion des Fêtes internationales de la vigne et du vin de Dijon.
1969
Voyage en Italie. Mort de sa mère. Tournage de l’Itinéraire du Hussard avec Jean Carrière, pour la télévision (film diffusé l’année suivante) ; visites quotidiennes chez Jean Giono à Manosque. Publication des Œufs de sel, poèmes (Paris, Guy Chambelland). Produit Mythes et réalités gitanes, émission inspirée par sa rencontre avec Manitas de Plata et son intérêt pour les gens du voyage.
1970
Reçoit le Grand Prix de Poésie du Mont Saint-Michel. Retour dans les Vosges sur ses lieux de combat. L’interdiction de diffusion de la Messa pels pòrcs d’Yves Rouquette dont il est le traducteur, ajoutée à ses positions favorables à la présence de la langue d’oc dans les programmes, marque le début de ses ennuis avec la direction nationale de l’ORTF.
1971
Début de la vie commune avec Brigitte Portal et ses enfants Pierre et Matthieu Charvet.
Etang de l’Or. Photo François Engels
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